Blog

Actualités et regards d’experts : accompagner et faire évoluer vos équipes

AccueilCrise sanitaire et détresse psychologique : pourquoi la cellule d’écoute psychologique est devenue indispensable en entreprise ?

Crise sanitaire et détresse psychologique : pourquoi la cellule d’écoute psychologique est devenue indispensable en entreprise ?

24 Fév 2021

La crise sanitaire actuelle et les mesures qu’elle impose ont plus que bouleversé les relations aux autres et le sentiment de sécurité, dans la sphère personnelle et professionnelle. Un tiers des salariés se déclarent d’ailleurs en état d’épuisement émotionnel sévère face à cette crise et 5 % en burn out[1]. Chômage partiel, modification des organisations du travail, télétravail complet ou partiel, risques sanitaires… ces bouleversements ont impacté la santé mentale des salariés à tel point que les risques psychosociaux sont devenus la 2ème cause d’arrêt de travail, dépassant pour la première fois les troubles musculosquelettiques (TMS)[2].

En tant qu’entreprise, comment faire face à cette situation sans précédent, qui met à mal la motivation des salariés (26% des salariés se sentent moins motivés au travail), mais également la performance, puisque la moitié des collaborateurs se sentent moins productifs[3] ?

Souvent pointés du doigt comme étant des « dispositifs pansements », ou encore un moyen de décharger la responsabilité de l’employeur en matière de santé au travail sur des prestataires externes, les dispositifs d’écoute psychologique ont dans ce contexte de crise sanitaire, économique et sociale, une place centrale dans une politique de prévention, alors même que les salariés aimeraient de meilleurs investissements dans la santé psychologique et la prévention des risques psychosociaux : 1/3 seulement estime avoir suffisamment d’informations sur le sujet[4].

50% d’appels supplémentaires de la part des salariés depuis le début de la crise

Augmentation du nombre d’appels des cellules d’écoute ACCA Professionnels entre mars et juin 2020

Un « pansement » visiblement nécessaire. Explication…

Salariés : une souffrance de plus en plus visible

Le constat est là : le contexte actuel a remis les compteurs à zéro en matière de risques psychosociaux. Toutes les structures, qu’elles soient publiques ou privées, et peu importe leur taille, secteur ou santé économique, sont concernées par une recrudescence des situations de souffrance au travail puisque 49% des travailleurs sont en détresse psychologique et 25% présentent un risque de dépression nécessitant un accompagnement[5].

Spécialiste de l’accompagnement psychologique en entreprise, Sandra Gavrin, Responsable du Pôle QVT chez ACCA Professionnels constate depuis quelques mois une évolution des motifs de détresse de la part des appelants des différentes cellules d’écoute :

« Nous avons constaté une augmentation du nombre d’appels en lien avec le contexte sanitaire qui engendre de la démotivation chez les collaborateurs. Là où, il y a à peine un an, le motif des appels était le plus souvent d’ordre personnel, psychologique ou liés à des conflits, aujourd’hui les difficultés rencontrées sont plus nombreuses et diversifiées. Il peut s’agir de décharge « ponctuelle » face à un trop-plein d’émotions, de situations de deuil ou d’évènement traumatique, d’un besoin de conseils en matière de management, d’incertitudes sur l’avenir, etc.

La plupart des collaborateurs sont en difficulté face aux nouvelles modalités d’organisation du travail. Certains se sentent isolés, tandis que d’autres remettent en question leur carrière et leur choix de vie. Dans la majorité des cas, le télétravail est une source de difficulté supplémentaire : conciliation vie professionnelle / vie personnelle, hyperconnexion et sur sollicitation, manque de liens. Conjugué à des problématiques personnelles, cela rend certaines situations explosives. »

Sandra Gavrin, Responsable du Pôle QVT chez ACCA Professionnels

Entreprises : nécessité de prise en compte des risques psychosociaux VS obligation juridique

Dans ce contexte et face à ces données « alarmantes », l’attention portée par les employeurs aux conditions de travail est plus que jamais au cœur de l’actualité. Tous s’entendent à dire que la mobilisation, l’innovation, la créativité ou encore la motivation des travailleurs, permettent aux entreprises de traverser cette période difficile et charnière. Les questions de réorganisation du travail, de productivité et de maintien de la qualité sont primordiales pour la survie des entreprises, mais elles dépendent pleinement de l’implication des salariés qui est actuellement mise à mal. Pour preuve, l’un des signaux les plus visibles pour les entreprises, l’absentéisme, qui désorganise les équipes, impacte la productivité et décourage les présents, a bondi en 2020 : les arrêts maladie de longue durée (plus de trente jours) ont augmenté de 30 %. [6]

Dans le cadre de la réforme de la santé au travail, un nouvel Accord National Interprofessionnel « Pour une prévention renforcée et une offre renouvelée en matière de santé au travail et conditions de travail » devrait voir le jour dans les prochaines semaines, réaffirmant le rôle et la responsabilité de l’employeur en matière de prévention des RPS, et la place centrale du Document Unique comme outil de pilotage d’une politique de prévention. Rappelons en effet que la prévention des risques professionnels, dont les risques psychosociaux, relève de la responsabilité juridique de l’employeur et doit faire l’objet d’une évaluation et d’actions de prévention (articles L4121-1 et suivants du code du travail).  

Cellule d’écoute psychologique : l’accompagnement des situations dégradées au cœur des préoccupations pour contrer les conséquences de la crise sanitaire

Si les actions portant sur l’organisation du travail (prévention primaire) doivent avoir une place de choix dans les dispositifs de prévention, notamment dans l’accompagnement nécessaire des réorganisations du travail, l’accompagnement des situations dégradées et des collaborateurs en difficulté (prévention tertiaire), n’en reste pas moins un prérequis essentiel, et constitue les fondamentaux en matière de prévention des RPS. Le chiffre des 42,5 % des télétravailleurs en situation de détresse psychologique doit être pris en compte, mais surtout pris en charge dès aujourd’hui par les entreprises, car ce chiffre a tendance à augmenter au fil des mois plutôt qu’à diminuer : près d’un salarié sur deux est en détresse psychologique, soit une hausse de 7 points par rapport au mois de mai 2020[7]. La situation ne va donc pas en s’améliorant et le schéma de crise nous pousse à penser que les conséquences s’étaleront d’ailleurs dans la durée…

Alors pourquoi qualifier un dispositif d’écoute psychologique de « pansement » ? En effet, mettre en place un dispositif d’écoute psychologique, c’est accompagner les situations de souffrance et elles sont de plus en plus nombreuses comme nous l’avons vu. D’autant plus qu’avec un pilotage efficace, une cellule d’écoute psychologique permet aussi d’alimenter les actions portant sur l’organisation du travail. Certaines entreprises constatent à l’usage que le rôle et la neutralité du prestataire externe permettent de favoriser le lien avec la médecine du travail et de faire remonter des problématiques plus larges, liées notamment à l’organisation du travail, qui n’avaient pas forcément été identifiées et qui sont finalement traitées au niveau institutionnel.

« Nous avons mis en place une cellule d’écoute téléphonique durant le premier confinement. L’isolement dû au confinement, cumulé au chômage partiel, parfois à 100%, a été difficile pour certains de nos collaborateurs. Maintenir le lien et être à l’écoute n’a pas toujours été facile. Le confinement a parfois révélé des fragilités ou situations personnelles compliquées, pour lesquelles les compétences d’un professionnel pouvaient être utiles.

En accord avec notre CSE, nous avons donc souhaité mettre à disposition un outil externe, anonyme et disponible 24h/24, grâce auquel les collaborateurs pouvaient discuter avec un psychologue.

L’accompagnement psychologique ACCA Professionnels a été une solution pour créer une cadre propice à la communication, au partage, à l’écoute pour que tous les collaborateurs se sentent bien. »

Béatrice LACOURT, DRH, Marcel

La cellule d’écoute psychologique, un dispositif qu’on pourrait davantage qualifier de « soin » nécessaire à la guérison, plutôt que d’un simple « pansement », qui plus est sur une plaie encore ouverte et qui mettra visiblement du temps à cicatriser…

ACCA Professionnels, spécialiste de l’accompagnement psychologique en entreprise, intervient dans la mise en place de cellule d’écoute psychologique auprès de plus de 70 entreprises, pour accompagner et écouter plus de 100 000 collaborateurs au quotidien.


[1] [5] [7] 4ème vague du « Baromètre de la santé psychologique des salariés français en période de crise » réalisé par OpinionWay et initié pendant le premier confinement.

[2] [6] « Absentéisme et Covid-19 » baromètre mensuel mars-juillet 2020, Malakoff Humanis

[3] [4]Le Baromètre « Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés » Opinion Way pour Empreinte Humaine, a été réalisé en ligne. Les interviews ont été faites du 31 mars au 8 avril 2020 auprès d’un échantillon de 2003 salariés représentatif et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de secteurs d’activités, de nature d’employeur et de taille d’entreprises.